EuroSIMA Surf Summit 2024 : Le débrief !
EUROSIMA SURF SUMMIT 2024, SOUS LE SIGNE DE L’INNOVATION ET DE LA TRANSFORMATION DURABLE
L’EuroSIMA Surf Summit 2024 a réuni plus de 430 participants et 19 conférenciers pour deux jours de réflexions autour des grands enjeux de la filière Action Sport. Cet événement a permis aux acteurs de l’industrie de partager des idées, leurs innovations et des initiatives autour de six thématiques clés, offrant un overview des transformations en cours.
DÉPASSEMENT DE SOI : L’ESPRIT DE RÉSILIENCE ET DE LEADERSHIP
La notion de dépassement de soi a été incarnée par des récits inspirants, notamment celui de Shane Dorian, big-wave rider, déclarant : “I thought I could be the Kelly Slater of Big Waves”, avec pour objectif de surfer des vagues mythiques comme Nazaré et Jaws. En tant que père, il doit jongler entre sa vie de famille et sa passion pour le surf : “I’m a normal dad 80% of my time: I pick up kids at school, I cook, I go to the grocery… Then I go surf at Jaws.” Mais cet équilibre demande une résilience et une préparation mentale constantes, car chaque session de surf comporte des risques considérables.Il a aussi reconnu avec humour les défis du coaching familial : “No kid wants their dad to coach them!”.
De son côté, Christophe Chenut, entrepreneur et ancien dirigeant de groupes comme Lacoste et L’Équipe, a abordé la gestion des talents exceptionnels : “C’est un plus pour une entreprise d‘avoir des stars ou des talents. Mais ce n’est pas indispensable.” Selon lui, intégrer des personnalités à fort ego peut être un atout pour une entreprise, à condition de ne pas prendre le risque de perturber l’équilibre interne : « Vouloir garder un ego dans une entreprise est une erreur. Tout comme le faire monter en hiérarchie pour le garder. Laissez-les aller chez la concurrence ! »
STRATÉGIE ET CONTEXTE ÉCONOMIQUE : ANTICIPER LES NOUVELLES ATTENTES DU MARCHÉ DU SPORT
Frédéric Tain, expert du marché sport, a expliqué que notre marché est en pleine mutation, sous l’effet de l’évolution du pouvoir d’achat, du passage de la possession à l’usage et la montée en puissance de la seconde main. Il a insisté sur la nécessité pour les entreprises de la filière Action Sport d’adapter leurs modèles économiques aux enjeux à venir et aux attentes des clients.
« Le modèle économique sur la vente seule n’est plus suffisant. Il faut y rajouter la location, la réparation, la seconde main, les tests… C’est toute l’idée de commerce serviciel qui est à repenser. »
Il a également présenté la deuxième édition du Congrès International du Tourisme Sportif, prévue les 7 et 8 octobre 2024 à Pau, où les acteurs du sport et du tourisme seront réunis pour échanger sur les tendances et opportunités du tourisme sportif durable, un secteur en pleine expansion.
TRANSFORMATION DIGITALE : INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET BUSINESS MODEL SOLIDAIRE
« La question n’est pas ce que l’IA va faire pour nous, ni ce qu’elle va faire de nous, mais ce que nous allons faire avec l’IA. »
L’intervention de Cyril De Sousa Cardoso, CEO de Polaria, s’est concentrée sur l’emploi et l’utilisation croissante de l’IA générative dans divers secteurs. Il a partagé des projections sur la croissance rapide de l’IA (100 millions d’utilisateurs en seulement 60 jours pour Chat GPT©) et a également souligné l’impact de l’IA sur l’emploi, citant un rapport du Fonds Monétaire International : “Dans les économies avancées, environ 60 % des emplois pourraient être affectés, avec la moitié bénéficiant de l’intégration de l’IA pour améliorer la productivité, tandis que l’autre moitié risque de subir une baisse de la demande de main-d’œuvre.” Parallèlement, Cyril a expliqué que l’IA transforme non seulement les processus créatifs, mais permet également de personnaliser l’expérience client tout en libérant du temps pour l’innovation. Il a invité notre filière à adopter ces outils pour rester compétitive et créative. « Qui que vous soyez, quel que soit votre domaine d’activité́, vous ne serez pas remplacé par l’IA… mais vous pourriez l’être par quelqu’un qui la maitrise. »
« Les consommateurs sont prêts à lutter contre le gaspillage (et pas qu’alimentaire) » Jean Moreau, co-fondateur de Phenix, a partagé comment son entreprise lutte contre le gaspillage alimentaire grâce à des outils digitaux, sauvant 75 millions de repas en 2023. Il a souligné que l’intégration des enjeux sociaux et environnementaux dans les modèles économiques est non seulement compatible avec la rentabilité, mais constitue aussi un levier de croissance. Faire de la seconde main un réflexe aussi naturel que jeter un produit est essentiel pour répondre aux attentes des consommateurs tout en générant des opportunités économiques. Jean Moreau a aussi expliqué que s’allier entre entreprises n’est plus une option mais une nécessité pour affronter ensemble les défis écologiques. Cette « coopétition » permet de maximiser l’impact et d’accélérer l’innovation vers des pratiques plus durables.
RESPONSABILITÉ ENVIRONNEMENTALE : COLLABORER POUR UNE DURABILITÉ PARTAGÉE
La table ronde sur la réglementation CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) a réuni des experts de l’industrie : Aude Penouty, fondatrice et directrice R&D de Entada Textile et chargée de projets RSE chez EuroSIMA, Stéphane Popescu, co-fondateur et directeur général de Cose361, Pétronille Ricard, directrice RSE chez Célio™ et Camaieu™, et Amaury Salette, co-fondateur de Kiosk™. Ils ont souligné l’importance de la coopération entre les entreprises pour avancer dans la même direction :
« Dans le développement durable, tout seul on n’avance pas loin. Il faut travailler main dans la main, entre pairs, et se faire bien accompagner. »
Cette approche collaborative est essentielle pour répondre aux exigences des nouvelles régulations européennes, qui imposent désormais un reporting précis sur leur impact écologique à partir de 2024. Les speakers ont montré que cet enjeu peut représenter une réelle opportunité pour les entreprises de notre filière pour se positionner en tant que leaders de la durabilité.
PUISSANCE DE L’HUMAIN : SINCÉRITÉ ET VALEURS COMMUNES
Mathilde Depaulis, psychologue et spécialiste de la gestion des émotions, a mené un atelier interactif axé sur la gestion de l’anxiété. Elle a expliqué aux participants comment identifier leurs points d’anxiété et leur a proposé des exercices de respiration pour mieux gérer la pression dans leur quotidien, afin de leur transmettre des outils concrets pour leur vie personnelle et professionnelle. L’occasion de rappeler l’importance d’un management positif et à l’écoute afin de créer un environnement professionnel sain et performant.
Lors de la table ronde « Sociologie du surf et marketing », Anne-Sophie Sayeux (anthropologue), Christophe Guibert (sociologue), Laura Grenon (directrice marketing d’Oxbow) et Jean-Sébastien Estienne (directeur marketing de Rip Curl Europe) ont mis en lumière des notions communes comme la liberté, le rêve et la passion – des valeurs fondamentales qui ramènent à l’essence de nos sports. « Oxbow ne cherche pas à définir ce qu’est un surfeur, mais à le faire rêver. Le sentiment de liberté est très important aussi. » dit Laura Grenon. Si le parallèle entre sociologie et marketing n’était pas si aisé, nos speakers soulignent tout de même que le profil du surfeur est pluriel, bien qu’il puisse être définit par « son sens marin ». Christophe, sociologue, rappelle une spécificité du surf « on ne connait pas précisément le nombre de surfeurs ou de profils socio-démographiques : c’est une population non captable ». Cependant, certaines innovations permettent de mieux cerner cette cible : « La data est importante aussi pour connaître notre cible. Par exemple, notre montre GPS nous a permis de récolter les données de 50 000 utilisateurs, ça nous permis de comprendre et affiner le ciblage. » dit Jean Sébastien Estienne.
“L’authenticité et la légitimité sont indispensables pour une collab d’influence”.
Sur le volet du marketing d’influence, Ludovic Pouilly, expert marketing, a mis en avant l’importance des collaborations d’influence basées sur l’authenticité, l’écoute et la sincérité, citant des exemples de collaborations telles qu’Omar Sy pour Lupin et Inoxtag. Selon lui, il ne s’agit pas simplement de maximiser la portée immédiate sur les réseaux sociaux, mais de développer des partenariats à long terme. Le point de départ de ces collaborations demande surtout du « flaire », elles reposent sur l’identification précoce d’influenceurs et la création de relations de confiance. Même les plus petites marques peuvent y parvenir, tout particulièrement celles de notre filière Outdoor Action Sports !
CRÉATIVITÉ ET CULTURE SURF : ÉVÈNEMENT FÉDÉRATEUR ET INNOVATIONS DURABLES
Le Line Up Festival, piloté par Nicolas Dazet, membre du Conseil d’Administration de l’EuroSIMA, est totalement à l’image de la force de créativité et la passion de notre filière. En partenariat avec EuroSIMA , ce festival se tiendra du 30 mai au 22 juin 2025, de Hossegor à Capbreton. Il célébrera la culture surf : expositions, concerts, conférences, tests de matériel, sessions de sensibilisation, des masterclass… Culture, héritage, environnement et passion seront au cœur de ces 3 semaines qui s’annoncent dingues ! Notre filière a bâti notre culture, n’hésitez donc pas à contacter Nicolas Dazet pour participer à ce rendez-vous incontournable.
Bertrand Barré, CEO de Zebra Group, a souligné que l’innovation et la transition écologique doivent être des priorités pour toutes les entreprises de notre industrie. Il a mis l’accent sur l’importance de repenser les produits pour qu’ils soient durables, tout en répondant aux attentes des consommateurs en matière de performance. Bertrand a également évoqué la coopétition, un modèle de collaboration permettant de mutualiser les ressources pour innover et améliorer la durabilité. « Et si notre écosystème inventait son futur sous le modèle de la coopétition ? » Il souligne aussi que notre industrie repose sur des valeurs fortes et un territoire émotionnel unique, et que les innovations présentées au Surfing Lounge en sont un parfait exemple.
Le Surfing Lounge a réuni 18 exposants qui ont présenté 24 innovations, dont des planches de surf en impression 3D (Ecoshape, Wyve), des combinaisons en néoprène biosourcé (Soöruz), les combinaisons Fusion de Rip Curl et les lunettes éco-conçues de Quiksilver et bien d’autres… Cet espace a aussi permis de mettre en avant les finalistes de l’appel à projets innovation d’EuroSIMA : le boardshort STOKED d’Oxbow, les planches démontables de Newave, et le projet de réutilisation de néoprène chez Soöruz, gagnant de l’Appel à Projets Innovation EuroSIMA 2024 . Ces innovations illustrent comment notre industrie réinvente les équipements tout en s’engageant pour la durabilité.
CONCLUSION
L’EuroSIMA Surf Summit 2024 a montré que notre filière Action Sport en Europe se transforme, portée par l’innovation technologique, la transition environnementale et l’évolution des attentes de nos consommateurs. Avec des intervenants passionnés et des échanges enrichissants, cette édition a démontré que l’avenir de nos Action Sports repose sur la capacité à anticiper les tendances, tout en créant des synergies et restant fidèle à notre culture.
À l’année prochaine !