
EUROSIMA Surf Summit : imaginer ensemble un avenir durable
A l’occasion de la 20ème édition de l’EUROSIMA Surf Summit, le monde du surf européen était réuni les 14 et 15 octobre derniers à Hossegor pour deux journées de conférences inspirantes sur le leadership de demain.
Après une année 2020 qui a vu le format du Surf Summit adapté en version digitale au regard du contexte sanitaire, c’est avec une satisfaction non cachée que l’EUROSIMA réunissait durant 2 jours plus de 250 professionnels du secteur des Action Sports au Sporting Casino d’Hossegor.
« Nous vivons une année particulière post-Covid et de manière assez paradoxale le monde du surf en ressort plus fort puisque les chiffres sont bons notamment dans le matériel (planches, combinaisons…) qui connaît des taux de croissance entre 20% et 40% » rappelait Jean-Louis Rodrigues, le Président d’EUROSIMA dans son discours d’introduction.
« Les entreprises ont été aidées et accompagnées par le Gouvernement et les institutions, et nous devons nous mobiliser pour poursuivre ensemble cette dynamique dans un monde en transformation. »
Comment faire face aux défis de demain avec succès ? Quel rôle devront jouer les organisations pour se développer de manière durable et responsable ? Autant de sujets qui ont été abordés avec les 14 personnalités présentes pour l’occasion.
Nouveaux rapports au travail et transformations managériales
Emmanuelle Duez, Fondatrice de The Boson Project, a fait une analyse remarquée des effets de la pandémie sur le monde de l’entreprise avec notamment des enjeux de résilience (aptitude à traverser les crises et à en tirer les enseignements), de fraternité et du rapport au temps qui doit être envisagé avec un horizon plus lointain.
Elle a mis en lumière les transformations que sont en train de vivre les entreprises. La généralisation du télétravail a déshumanisé les rapports au travail, les managers doivent poser de nouvelles limites et inventer une nouvelle philosophie managériale. Auparavant, nous étions sur une obligation de résultats collective et une obligation de moyens individuelle et aujourd’hui cela s’est inversé. Après 24 mois, on observe « une prise de pouvoir des salariés et une refonte du deal dans l’entreprise ». Là où il y avait une manière de faire, il y aura désormais une coexistence de deals.
Le rôle du manager a changé « être dirigeant est plus une mission à un instant T, qu’une mission dans la durée », on attend des leaders qu’ils sachent manager dans la complexité, qu’ils aient le courage de prendre des décisions, qu’ils portent la responsabilité de ce qu’ils ont projeté, qu’ils soient dans l’abandon, dans l’exemplarité et dans la proximité.
La génération à venir est pragmatique, résiliente, hyper concernée et hyper sensible. Elle a confiance en l’entreprise pour conduire la transition. C’est ce pacte entre la jeunesse et l’entreprise et la notion d’utilité à soi, aux autres et au monde qui assureront une performance durable.
Laurent Chambertin, ancien volleyeur international avec plus de 350 sélections en équipe de France et de nombreux titres internationaux est venu transmettre son expertise et son expérience d’ancien sportif de haut niveau sur les relations interpersonnelles au sein d’un groupe d’individus et la construction de l’intelligence collective de son équipe. « Dans le sport, comme dans l’entreprise, nous sommes toujours perturbés et challengés, et il faut apprendre à s’adapter pour retrouver un équilibre et performer ». La force d’une équipe réside dans la différence de chacun de ses membres. Il faut être capable de bien se connaître soi-même, d’accepter l’autre et de construire avec les autres. Quand on a une vision partagée, le projet devient commun et c’est à ce moment là que se construisent la cohésion et l’engagement de son équipe.
La filière sport plus unie que jamais
La première organisation professionnelle du secteur des sports et loisirs, l’UNION sport & cycle est venue expliquer aux participants du Surf Summit son alliance stratégique avec EUROSIMA. En effet, les deux organisations ont uni leurs forces et leurs expertises en début d’année pour représenter, accompagner et défendre les intérêts de leurs entreprises. « Ensemble les acteurs du commerce du sport pèsent plus de poids auprès des instances gouvernementales et ont plus de moyens pour agir » indique Virgile Caillet, délégué général de l’UNION sport & cycle. Une synergie nécessaire à un moment où il a fallu défendre les intérêts des entreprises du sport, et se battre pour la réouverture des commerces et des lieux de pratique. « Nous avons un vrai travail de conviction et de démonstration à faire auprès des hauts fonctionnaires qui dirigent le pays pour leur prouver que le sport aujourd’hui est certes du plaisir mais que c’est aussi une vraie filière économique, de l’emploi et un véritable levier de croissance » précise-t-il. Pascale Gozzi, nouvelle Présidente de l’UNION sport & cycle a quand a elle insisté sur l’intérêt de ce rapprochement qui a permis d’engager des chantiers communs d’envergure « on veut réindustrialiser la France », et « rendre nos entreprises acteur citoyen de la transition écologique ». La loi anti gaspillage pour une économie circulaire (Agec) va impacter la mise sur le marché des articles de sport dès 2022. En effet, « les marques de sport qui mettent un produit sur le marché devront se préoccuper de la fin de vie de leurs produits » précise Virgile Caillet. Cela concernera les industriels, mais aussi les distributeurs et par conséquent le consommateur final.
Le dynamisme du marché portugais
Touché de plein fouet par la crise financière de 2008, le Portugal vient aujourd’hui concurrencer la France comme nouvelle destination phare du surf en Europe. « La réussite du Portugal est liée à une volonté commune d’acteurs clés portugais, du Gouvernement et du comité du tourisme de mettre en avant le surf dans leur stratégie touristique. » explique Jean-Louis Rodrigues, Président d’EUROSIMA. Grâce à d’importants investissements engagés par le gouvernement et le comité du tourisme portugais pour relancer le pays et attirer les touristes surfeurs, le surf est devenu en quelques années le sport national numéro 2 après le football.
« Pendant plus de 30 ans l’industrie du surf s’est structurée au Portugal, avec une vraie culture surf, un circuit de compétition… et quand Tiago Pires s’est qualifié sur le Championship Tour, il a attiré tous les regards sur le Portugal et le surf a littéralement explosé dans le pays » explique Pedro Fernandes, Directeur de marque et Directeur Commercial du plus grand distributeur surf du Portugal, Despomar. En effet, l’ancien surfeur professionnel Tiago Pires, devenu organisateur d’événements professionnels surf a contribué à la notoriété internationale du Portugal grâce à ses performances au plus haut niveau.
« Le surf est devenu un atout pour le pays et pour son économie » rappelle Pedro Fernandes, « l’important est de créer un environnement propice pour que les entreprises puissent s’établir au Portugal, ce qu’à réussi à bien faire la France. Il est nécessaire de soutenir les jeunes surfeurs, les compétitions, les clubs de surf et construire une vraie culture surf. »
Patrick Stilwell, Directeur Créatif de l’agence de publicité Partners a travaillé sur la stratégie de communication touristique du Portugal, « La France reste une inspiration pour le Portugal », « nous avons cherché à nous différencier et à rendre le Portugal unique en son genre et notre agence à travaillé autour de la vague de Nazaré « the building size wave » ». En effet, la popularité de cette vague géante a particulièrement attiré l’attention de la scène surf internationale.
« Nous avons capitalisé sur l’audience internationale de la World Surf League pour faire passer nos messages avec nos partenaires en misant sur les valeurs du surf et cela nous a apporté énormément d’attention » précise Patrick.
La WSL a ouvert un bureau au Portugal et organise désormais une étape du Championship Tour à Péniche au mois de mars 2022 au détriment d’Hossegor qui accueille cette année une épreuve qualificative, les Challenger Series. La raison pour laquelle le Portugal accueille une épreuve du tour mondial est financière « auparavant les marques organisaient elles-mêmes les compétitions de surf, aujourd’hui c’est la World Surf League qui s’en occupe et ce sont les sponsors qui financent les compétitions » explique Cheyne Bradburn, responsable de la WSL Europe à Hossegor. « Le Portugal a su fédérer des marques de surf, des marques hors surf, et le gouvernement pour investir dans le surf. Hossegor était en avance, aujourd’hui le Portugal montre la voie ». Une concurrence saine stimule dès lors le sud-ouest de la France et le sud-ouest du Portugal. Alors où aura lieu la prochaine étape européenne du Championship Tour en 2023 ?
Des entreprises engagées dans la RSE
Aymeric de Rorthays, le Directeur Général du Vieux Campeur est venu témoigner du fonctionnement atypique de son entreprise 100 % familiale basée sur le bon sens managérial. « Cela nous permet de prendre des décisions basées uniquement sur du long terme puisque nous avons des comptes à rendre qu’à nous-mêmes et surtout à nos clients. Notre seule mesure de satisfaction est : est-ce que nos clients adhèrent ou pas ? » explique-t-il.
« Aujourd’hui les gens nous voient comme une sorte d’association, si le client adhère cela fait le succès du Vieux Campeur ». Depuis toujours, Au Vieux Campeur est un « ami de la nature ». Tournée vers la satisfaction client, l’entreprise a fait des choix de développement de produits durables et responsables et mis en place des actions citoyennes (nettoyage des lieux de pratique).
Aujourd’hui encore, beaucoup de leurs thèmes de communications s’appuient sur des choix faits il y a bien longtemps, à commencer par leur atelier CO TE NOR en Normandie qui emploie une vingtaine de couturières capables de réparer à peu près tous les produits techniques qui existent.
D’autres marques qui ont su bousculer les codes sont venues partager leurs démarches responsables. A commencer par Julien Martel, CEO et co-fondateur d’Akewatu (une plateforme digitale de vente de matériel de surf neuf et d’occasion), Audrey Queruau Lamerie, la fondatrice d’Alltroc (un dépôt-vente d’articles de surf), François Sorbier, Head of Sales BtoB d’Angell (une offre de location de vélos électriques en leasing et de reconditionnement), Thibaut Haegdorens, fondateur de Reparetacombi.com (un atelier de réparation des combinaisons de surf) et Daniel Guntschnig, co-fondateur de Polyola (un fabricant de pains de mousse 100 % recyclables, à base de matériaux recyclés) et vainqueur de l’Appel à Projets EUROSIMA 2021.
La glisse continue d’innover
En parallèle des conférences, était organisé le Surfing Lounge, une exposition des produits les plus créatifs et innovants des marques d’Action Sports. Pour sa 7ème édition, plusieurs entreprises et notamment des startups, exposaient leurs dernières innovations.
EUROSIMA parraine 2 startups
Pour la 5ème année EUROSIMA va parrainer 2 jeunes entreprises désireuses d’être accompagnées par des chefs d’entreprises expérimentés. Les lauréats, Sealocker et Kahe Surf ont pu pitcher devant les chefs d’entreprises et salariés de l’industrie de la glisse à l’occasion du Surf Summit.
Sealocker, ce sont 3 ingénieurs passionnés par le surf qui ont créé une application de location de planches de surf et de test de planches avant achat en partenariat avec des professionnels locaux (surfshops et shapers). A horizon 2022, Sealocker souhaite proposer un accès simplifié aux pratiquants de sports outdoor et répondre aux contraintes de transport en proposant des casiers connectés au plus près des lieux de pratique.
De son côté, Kahe Surf propose des planches à assistance électrique (surf, bodyboard, SUP, rescue board…) dont l’objectif est de démultiplier les capacités d’une planche sans dénaturer la pratique du surf. Ce produit facile et intuitif est accessible à tous. Il possède une intelligence embarquée qui permet notamment de regagner le pic sans effort, de faciliter le canard ou le take-off. Kahe surf travaille aussi sur la mise à disposition de cette technologie dans un condensé plug&play pour pouvoir équiper un paddle, un kayak, un stand-up gonflable, une annexe de bateau…
Ces 2 entreprises bénéficieront d’un accompagnement personnalisé d’EUROSIMA pendant 1 an qui devrait leur permettre de se faire connaître, de profiter de conseils clés et de développer leur réseau afin d’optimiser leur potentiel et accélérer leurs projets.